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Déplacements domicile-travail : une question de société, un défi pour l’entreprise

Entreprises

29

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07

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2019

Temps de déplacements domicile travail, budget consacré au transport… les salariés sont de plus en plus attentifs à leurs enjeux de mobilité. Si l’organisation des transports relève des pouvoirs publics, l’entreprise n’en joue pas moins un rôle crucial dans la mobilité de ses collaborateurs.

Pourquoi l’entreprise doit-elle se préoccuper des trajets de ses salariés ? Ceux-ci tendent à lui imposer cette réflexion, exprimant en la matière des attentes de plus en plus pressantes : une incitation à agir sans attendre, et dans une démarche de concertation avec ses collaborateurs, les autres acteurs économiques et les collectivités.

Les déboires des trajets domicile-travail ne datent pas d’hier. Jean Boyer s’en amusait en temps de guerre (« Pour me rendre à mon bureau », 1945), les 30 Glorieuses consacrèrent le fameux triptyque « métro-boulot-dodo ».
Aujourd’hui, les réseaux sociaux voient se déverser le mécontentement d’usagers bloqués dans les transports en commun ; hors des villes, la crise des gilets jaunes a révélé le malaise de travailleurs contraints à utiliser une voiture de plus en plus chère et, de plus, dénigrée socialement sur fond de réchauffement climatique.

La mobilité domicile-travail est un sujet presque aussi vieux que la société industrielle, le plus souvent abordé sous un jour problématique.

Reste que désormais, le travail n’est pas tout : les salariés se préoccupent aussi de leur qualité de vie. Nombreux sont ceux qui refusent de se résigner à une mobilité subie.
Le temps de transport quotidien et le budget consacré à ce poste deviennent des critères déterminants dans la recherche d’un emploi, jusqu’à représenter un élément de négociation à part entière.
Des études récentes en attestent : plus le temps de trajet domicile-travail est long (particulièrement au-delà d’une heure), plus l’insatisfaction est grande. Or cette insatisfaction ne se limite pas au seul trajet, mais rejaillit sur la perception de l’emploi dans son ensemble (moindre intérêt pour le poste, moindre productivité, interactions moins satisfaisantes avec les collègues, moindre fidélité à l’entreprise…) [1].
Dans certains territoires ou chez certaines catégories sociales, la mobilité représente même un frein absolu à l’emploi : un Français sur quatre a ainsi déjà refusé une offre d’emploi ou une formation faute de pouvoir s’y rendre [2].

Le « plan de mobilité », bras armé de l’entreprise :

Sans atténuer la responsabilité des choix politiques et des choix de société, l’entreprise peut jouer un rôle en matière de mobilité domicile-travail. Surtout, elle y a tout intérêt. Élargir son vivier de recrutement, disposer d’un argument supplémentaire pour attirer les meilleurs profils, améliorer la qualité de vie des collaborateurs et réduire le risque d’accidents de la route, afficher sa responsabilité sociale et environnementale, sont autant d’incitations à se pencher sur le sujet. C’est à ce propos qu’intervient, concrètement, l’outil nommé « plan de mobilité en entreprise ».

Déplacements domicile-travail : améliorer la qualité de vie des collaborateurs

Obligatoire pour toutes les entreprises rassemblant plus de 100 salariés sur un même site, le plan de mobilité cherche à faciliter et rendre plus « propres » les déplacements liés à l’entreprise, et notamment les trajets domicile-travail.

Outre l’amélioration de la qualité de vie des collaborateurs, il revêt une dimension environnementale essentielle, visant la réduction de la voiture individuelle au profit des transports doux ou collectifs. Il peut s’élaborer au sein d’une seule structure ou entre les différentes entreprises d’une même zone.

Dans tous les cas, le plan est réalisé en concertation avec toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles l’autorité organisatrice de la mobilité sur le territoire concerné (métropole, région ou intercommunalité, le plus souvent).

Il comporte une phase de diagnostic visant à connaître précisément les trajets entrepris par les salariés (localisation, longueur, durée, modes utilisés, coût, satisfaction ressentie, besoins et attentes exprimés…), avant de dresser les axes d’amélioration et d’adopter les mesures concrètes qui en découlent, puis de prévoir leur évaluation. Il s’agit donc d’un programme ambitieux, souvent réalisé avec l’appui d’un cabinet et/ou par une équipe dédiée en interne.

Déplacements domicile-travail

Concerter, faciliter, mettre en réseau

Les leviers dont dispose l’entreprise pour améliorer la mobilité de ses collaborateurs sont multiples.
Outre des aménagements « physiques », l’organisation du travail peut jouer un grand rôle : instituer des jours de télétravail, décaler les horaires pour éviter les heures de pointe, favoriser les réunions en visioconférence, sont autant de facteurs aptes à réduire les déplacements.
Par ailleurs, des équipements simples peuvent facilement lever les freins à l’utilisation des modes doux : garages à vélos sécurisés, vestiaires équipés de douches, vélos de services…
Des incitations à réduire l’usage de la voiture peuvent être proposées, telles qu’une prise en charge accrue des abonnements aux transports en commun ou encore une aide à l’achat de vélo électrique.
Enfin, avec l’aide des nouvelles technologies, l’entreprise peut jouer un rôle actif dans la mise en relation de ses salariés pour du covoiturage ou l’organisation d’un « pedibus » voire, à partir d’un certain nombre d’usagers, la mise en place d’une navette ou la création d ‘un service d’autopartage.

Réaliser des aménagements matériels, mais aussi repenser l’organisation du travail

Une entreprise a donc tout intérêt à agir pour favoriser la mobilité de ses collaborateurs : il s’agit d’un facteur d’attractivité autant qu’un élément de sa responsabilité sociale et environnementale. Les exigences légales en ce sens s’annoncent aussi de plus en plus fortes, à commencer par la Loi d’orientation sur les mobilités tout juste adoptée : celle-ci fait désormais de la mobilité domicile-travail un élément obligatoire du dialogue social. Preuve s’il en était que dans ce grand défi de la mobilité, l’entreprise s’annonce comme un acteur central.

[1] Baromètre Paris Workplace 2018 Ifop-SFL

[2]  Etude « Mobilité et Emploi » 2017, Elabe pour le Laboratoire de la Mobilité Inclusive

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